C’est un vieux train, grinçant, au velours fané,
Pas un de ces engins lisses, neufs, et pressés,
Il respire encore l’époque où mon grand-père,
M’emmenait en vacances, l’âme en bandoulière.
Il fait grand soleil sur les rails du retour,
Lumière franche, chaude, pour ce dernier séjour,
Le vieux tortillard démarre, calme et serin,
Comme il l’a fait cent fois, sur ce même chemin.
Entre Grenoble et Valence, il poursuit sa route,
Cabossé, tenace, jamais dans le doute,
Rien n’a changé : les secousses, les sons,
Les vitres tremblantes, le fer à l’unisson.
Ce chapitre se clôt, calme, dépourvu de bruit,
Laissant derrière moi, ce que j’ai accompli,
Quelques larmes montent, discrètes, sans effort,
Mêlant le souvenir au ballant du transport.
Elles ne disent pas douleur, murmurent “c’est loin”,
Tous ces mois empilés, le courage pour ces soins,
Dans le sillage du Rhône, ses monts habillés de pins,
Je laisse une version de mon destin prendre fin.
Tous ces voyages pour un sourire retrouvé,
Un miroir plus tendre, un peu apprivoisé,
Et maintenant, dans ce fauteuil d’antan,
Je referme soulagée, la boucle lentement.
Les trajets s’étiraient, un peu trop souvent,
Le corps et l’esprit fatigués au fil du temps,
Un souffle d’angoisse, parfois sans raison,
Glissait sur mes jours, en discrète tension.
Tout est derrière, ni regret, ni tourment,
Encore une page tournée après plus d’un an,
Le sourire revient, éclatant, souverain,
Je repars en paix, le regard plus lointain.