Au flanc du Canigó, Serrabona s’élève,
Fondée par des chamoines au seuil du XIᵉ temps,
Leurs mains ont élevé, dans la ferveur sans trêve,
Un édifice de silence au souffle rayonnant.
Accrochée au rocher, l’abbaye se déploie,
Ses murailles d’ocre embrassent la montagne,
Le ciel pur du matin s’unit aux pins en joie,
Et la roche s’ancre au silence des campagnes.
Le cloître ouvre ses bras comme un livre de pierre,
Arcades délicates, chapiteaux ciselés,
Où des lions, des oiseaux, des feuillages de terre,
Dialoguent avec l’ombre en accords étoilés.
Les siècles ont passé, désertant l’abbaye,
Le vent seul a veillé sur son marbre sacré,
Le temps rongea les murs, la nef s’est affaiblie,
Mais l’âme du lieu saint ne fut pas profanée.
Le jubé resplendit dans sa grâce romane,
Dentelle minérale offerte au sanctuaire,
Le marbre s’embrase aux clartés matinales,
Et garde dans sa chair un éclat millénaire.
Sous la voûte étroite, un parfum de silence,
Fait trembler la lumière en nappes de cristal,
L’air conserve un parfum d’éternelle présence,
L’espace se fermant en un cercle vital..
Aujourd’hui, le visiteur gravit la montagne,
Parmi pins et garrigues aux senteurs éclatants,
Soudain Serrabona paraît, solitaire compagne,
Écrin d’un ancien temps suspendu dans les ans.
Et lorsqu’on s’éloigne au détour du silence,
Les rayons d’or caressent ses remparts,
La pierre se confond avec la providence,
L’esprit se recueille au seuil de son regard.
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