Dans le tiroir sombre, un murmure s’éveille,
Les chaussettes perdues racontent leurs merveilles,
Alors, vieille chaussure, tu t’ennuies sans moi ?
Oh, tu ne peux savoir comme le silence est froid.
Moi, j’ai voyagé sous le lit et derrière la porte ,
Rencontré des gants, des écharpes en escorte,
Des chaussons farceurs, des ballerines en cavale,
Et même un vieux soulier rêvant d’être au carnaval.
Pendant ce temps, je reste ici, seule et usée
Mes lacets se croisent, mes semelles sont fatiguées,
Chaque matin, on me lace, mais le cœur n’y est pas,
Je rêve de tes voyages, de tes pas, mea culpa.
Et toi, chaussette ? Tu n’as pas peur de l’oubli ?
Peur ? Non, répond-elle, j’explore, je m’enfuis,
Pour découvrir les coins sombres et les trésors cachés,
Plutôt que rester figée, muette et attachée.
Alors raconte-moi tout, ton périple sous le lit,
J’ai glissé sur la poussière, croisé un petit tapis,
Dansé avec des fantômes de chaussons abandonnés,
Riant avec des gants parlant en liberté.
Et moi ? Je t’attends encore, un peu jalouse,
Mais je garde l’espoir, malgré ma semelle rousse,
Nous nous retrouverons, dit la chaussette en riant,
Sous la lampe du soir, nos pieds s’alignant doucement.
Et quand enfin on se rejoindra dans le tiroir éclairé,
On racontera nos histoires, nos aventures effrontées,
Alors faisons le serment, vieille amie cuir et lacet,
Plus jamais séparées, pour toujours, à jamais.
Le tiroir se tait, mais dans l’ombre on entend encore,
Le bruissement des chaussettes et des chaussures en décor,
Rêvant de balades folles, de couloirs infinis,
Dans le secret de ces pieds perdus, la vie devient paradis.