Au Moyen Âge, bien avant les usines,
Le sabotier sculptait pour combler chaque besoin,
De la forêt au feu, sous ses mains cristallines,
Le bois devenait vie, un compagnon serein.
Dans l’ombre des ateliers, la plane affûtée
Offrait à chaque pièce une finesse admirable,
Le paroir délicat lissait l’œuvre sculptée,
Tandis que l’enclume chantait un son durable.
Le sabot tout en bois, robuste et sans détour,
Gardait les pieds au sec sur les chemins boueux,
Pour l’hiver rigoureux ou pour les grands labours,
Suivait les pas des travailleurs valeureux.
Pour les marins parfois, des clous sous la semelle,
Évitant les glissades sur les ponts balancés,
Les enfants, eux, chaussaient des merveilles nouvelles,
Gravées ou colorées, finement travaillées.
Puis vint le sabot mixte, un cuir souple au sommet,
Joignant au bois robuste un confort bienvenu,
Les fermiers l’adoptaient, des plaines aux bosquets,
Pour marcher sans souci au pas modernisé.
Je revois Émile, au fond de son atelier,
Avec son grand béret et son regard limpide.
Sous ses doigts habiles, le bouleau travaillait,
S’offrant à son savoir, précis et intrépide.
Un jour, il façonna, rien que pour moi, petit,
De jolis sabots fins, polis comme un miroir,
Leur bois léger cliquait en un rythme subtil,
J’en garde encore l’éclat dans ma mémoire.
Des copeaux tourbillonnent, dorés dans la lumière,
Comme un doux souvenir d’un métier oublié.
Car les sabotiers d’hier, maîtres d’une ère,
Ont vu leur noble art peu à peu s’effacer.
Les sabots héritage d’un temps révolu,
Portent en eux le souvenir des gestes d’antan,
Un art discret méconnu, aujourd’hui disparu,
Mais reste vivant dans les coeurs, pour longtemps.