Voyons, voyons ce qui m’inspire,
Le monde titube, et tait son délire,
On repeint les ruines en couleur fluo,
Pendant que les bombes pleuvent à gogo.
Les villes s’étouffent sous le béton,
Les rivières pleurent dans leur prison,
On vend des fruits sans goût, sans sève,
Et des hommes ploient sous leurs rêves.
Les usines ferment, les bourses s’enflamment,
On vend nos vies, le monde nous réclame,
Les dieux sont devenus des logos,
Les peuples… des foules sans écho.
Voyons, voyons ce qui déraille,
La guerre s’invite sur nos entrailles,
On joue au poker avec des vies,
Pendant qu’on discute du prix du riz.
Les écrans hurlent des vérités vides,
Des sourires figés, des slogans acides,
On scrolle, on like, on consomme, on fuit,
Nous vivons pressés sans profiter de la vie.
Voyons, voyons… rien n’éteint les flammes,
Des mains s’accrochent, le vague à l’âme,
Un silence lourd, un souffle résiste,
Une trace fragile, impossible à décrire.
On vend du bonheur en petites pilules,
Cachant les larmes sous des capsules,
Le travail ronge, le temps s’efface,
Serrant les dents derrière les grimaces.
Les puissants comptent, les pauvres se taisent,
Chacun s’étourdit dans sa propre braise,
La planète crie, mais qui l’écoute ?
On bétonne tout, même nos déroutes.
Voyons, voyons… tout part en vrac, tout s’effondre,
Les voix s’éparpillent dans un vacarme sombre,
Malgré le chaos, certains ramassent la vie,
Avancent, même brisés, obstinés, lançant un défi.
Quand tout vacille et que tout s’efface,
Il reste un souffle, une infime grâce,
Un pas têtu, une joie renaissante,
Une époque moderne, mais chancelante.