Sur les rives de la Têt, entre roches et cimes,
Un palais discret naquit d’eaux intimes,
Aux portes de Canaveilles, en 1844, jaillit la magie :
Des sources d’eaux chaudes, promesses de vie.
Là, les élégants venaient se poser,
Cherchant la paix dans l’eau... à rêver,
Le parfum du soufre, l’éclat de la vapeur,
Réchauffaient leurs corps, apaisaient les cœurs.
Les dames en dentelles, sous des ombrelles fines,
Flânaient doucement près des piscines divines,
Les rires résonnaient sous les voûtes en pierre,
Au son des valses dans l’air clair des terres.
Puis vinrent les jours sombres, les crues furieuses,
Le Têt s’éleva, impétueuse et rageuse,
L’éclat thermal fut emporté par les flots,
Un silence pesant s’installa aussitôt.
Rebâti, l’endroit prit un nouvel élan,
Une auberge naquit, d’un style éclatant,
Renaissance espagnole, lustres et dorures,
Un refuge pour l’Infante, empli d’allure.
Mais le temps cruel frappe sans rémission,
Un incendie brisa toutes ses ambitions,
Depuis, ses murs pleurent, envahis par l’oubli,
Des ruines figées dans un long répit.
Aujourd’hui, les herbes, reines du domaine,
Recouvrent les pierres de leur douce rengaine,
Les curieux, rêveurs, redonnent une voix,
À cette Infante, toujours pleine d’émois.
Que reste-t-il ? Des souvenirs légers,
Une histoire écrite dans l’éclat des vergers,
Le Relais attend, fier sous son manteau,
Que renaissent les pas des âmes d’en-haut.