Je suis une pierre sans territoire,
Pas de falaise, pas de mémoire,
Je viens des routes effacées,
Et des souliers quelquefois trop fatigués.
Je ne brille pas, je ne « pèse » rien,
Mais j’ai senti la paume des humains,
Jetée, ramassée, parfois gardée,
Souvent laissée sans un regard donné.
Un jour, j’étais dans un jardin,
Sous les pivoines, près d’un jasmin,
Puis dans la poche d’un enfant,
Soufflant des mots dans le vent.
J’ai vu des ruisseaux, des grands champs,
Des bancs mouillés, des cerfs-volants,
Et même un chien m’a prise un soir,
Pour son trésor ou son grimoire.
Pas taillée, pas polie, ni docile,
Mais un peu sage dans mon exil,
Je ne cherche pas à faire beau,
J’ai vu le monde de plus haut.
J’ai roulé sous la pluie et le vent,
Me perdant parfois dans le temps,
Mêlant mes grains à la poussière,
Une compagne fidèle, solitaire.
Quand vient la nuit, je rêve encor',
D’horizons vastes et d’un décor,
J’écoute la nature sans parler,
Je sens le temps me traverser.
Je ne suis rien, ou presque rien,
Mais j’accompagne bien des chemins,
Je suis la pierre, simple cadeau,
Offert au monde sans un mot.
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