Perpinyà se tait, le temps se plie,
Le jour décline en voix absentes,
Là-bas, l’église Saint-Jacques prie,
Et dans ses murs, les heures chantent.
Trois coups battent… l’instant sacré,
Le bombo gronde, grave et lent,
Alors s’avance, voilée, serrée,
La Sanch, Ce cortège frémissant.
Caparutxes, rouge et noir mêlés,
Visages clos, silences lourds,
Haussent les croix, les saints révérés,
Par la ferveur et par les jours.
Les pas résonnent dans la pierre,
Le vent s’incline, les fronts aussi,
La foule rassemblée au regard fier,
Assiste émue dans ce temps précis.
Un Christ sanglant, une Marie,
Oscillent au bras des porteurs,
Et l’encens monte, sans furie,
Vers un ciel pâle, chargé de fleurs.
Les pénitents dans leur marche fidèle,
Portent les plaies et les douleurs,
Chaque statue dans sa grâce mortelle,
Fait ressurgir un monde intérieur.
Et même ceux que la prière abandonne,
Ecoutent battre un coeur mystérieux,
Dans cette journée, la Sanch résonne,
L’homme se tait, mais parle aux cieux.
Perpignan pleure sans une larme,
Catalans fiers, debout, pudiques,
Leurs âmes anciennes incarne,
Une croyance muette, mais magnifique.
La Sanch n’exige pas la foi,
Elle l’émeut l’âme par sa trace,
Un cri muet, une antique voie,
Où le silence a plus de place.
Et quand le soir s’efface au loin,
Il reste un souffle, un peu d’éclat,
Quand le cortège tourne au coin,
La Sanch s’en va, mais ne s’oublie pas.