Il y a d’abord ce souffle, un rien se dérobant,
Un geste qu’on retient, un désir s’échappant,
La main tendue vers l’eau, l’illusion en partage,
Et le cœur remplit de chaleur, rature son passage.
C’est l’enfant qu’on fait taire au bord de son idée,
Le cri du corps contraint, l’ardeur évadée,
La pensée empêchée de prendre son essor,
Quand l’envie tambourine aux barreaux du décor.
C’est l’attente sans fin, la porte close au nez,
Le “pas maintenant” raide, au goût de vérité.
Le “presque”, le “bientôt”, le “peut-être un matin”,
Viennent hanter la gorge et couper le chemin.
Privation d’un regard que l’on détourne exprès,
La passion se brise au bord d’un mot discret,
Frustration de l’artiste à court de son vertige,
Quand la muse s’éloigne ou que le trait s’oblige.
Déception des silences dans les draps mal aimés,
Des rêves que le monde préfère bâillonner,
Frustration du combat qu’on ne peut commencer,
D’un peuple qu’on enferme à vouloir s’exprimer.
Mais sous la cendre épaisse, quelque chose s’entête,
Un tison obstiné, une rage discrète.
À force de barrages, de refus répétés,
La tension devient force et veut tout éclater.
Elle tord, elle mine, elle sculpte ou détruit,
Fait d’une faille un cri, d’un silence un abri.
Et quand le trop se rompt dans un instant ardent,
Le feu sort de la cage … fulgurant, éclatant.
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