Qui est-il, cet homme en blouse blanche,
À dicter mon corps, mon temps, mes forces ?
Lui, si sûr, dans son discours qui tranche,
Connaît-il seulement mes luttes moroses ?
Qui es-tu pour juger de ce corps brisé ?
Toi qui ne sens pas la tristesse de mes jours,
Ton verdict tombe, sec avec brutalité,
Mais sais-tu seulement ce qu'est mon parcours ?
Ma chair a combattu, sans repos, sans trêve,
J’ai enduré les aiguilles, les rayons, la guerre,
Mais la fatigue, elle reste là, elle me crève,
Un fardeau invisible dans l'ombre amère.
Deux ans de bataille, d’assauts sans répit,
Mon organisme a encaissé, mon esprit se dresse,
Et toi, d'un geste, tu effaces, me discrédites,
Demain, je dois tout oublier, pour Toi mon Altesse !!
Qui es-tu, Oncologue, dans ton univers aseptisé,
À juger de mes forces, à nier mes douleurs ?
Chaque jour, égoïste, tu côtoies des vies brisées,
Mais ressens-tu vraiment nos angoisses, nos peurs ?
Tu nous vois passer, malades dans tes couloirs,
Sans t’attarder sur ce que nos corps endurent,
Sur cette fureur qui laisse des cicatrices noires,
Psychologiques, invisibles, mais bien trop dures.
Tu prescris, tu décides, depuis ton fauteuil,
Sais-tu seulement au fond, ce qu’un cancer détruit ?
Sais-tu ce que c'est de combattre la fatigue par orgueil ?
La détresse de la vie, du coeur et corps, à jamais démolis.
Qui es-tu pour penser que trois mois suffiront,
À rattraper le temps, la forme, à oublier l’inquiétude ?
Qui es-tu pour nier ce que je vis quotidiennement de front,
Quand mon courage se bat sous cette lutte si rude ?
Qui est il pour ignorer l’épuisement ?
Ce besoin vital de me poser, de m’allonger,
Qui est il pour refuser d’entendre mon tourment ?
Lui qui pourtant dans ce duel devrait m'encourager.
Comment ose-t-il mesurer mes limites,
Ignorant ce besoin même bref, de repos ?
Cette sieste que mon corps souvent réclame,
Quand le poids du traitement devient étau.
Qui est-il pour dire que tout est fini ?
Cinq ans de traitement m’enchaine encore,
Ne dit on pas qu’il faut ce temps, du répit,
Mais lui est au-dessus de tout, le cador !
J’ai toujours avancé, sans plainte, sans cri,
Mais aujourd’hui, révoltée, je dis NON.
NON à l’indifférence, au masque de mépris,
À une reprise à temps plein, forcée dans l’abandon.
Ma détermination ne se termine pas dans ses manuels,
Elle résonne dans chaque journée où je me relève,
Dans chaque douleur, cachée sous un sourire virtuel,
Seule à ressentir ce que mon corps révèle.
Combattante, d’une force inébranlable,
Seuls sont ceux qui ont traversé ce même combat,
Peuvent comprendre ce chemin insupportable,
Et nul autre ne sait la flamme guidant mes pas.