Quand la Neige Epouse la Fleur…

Là-haut, dans l’azur où s’élance l’hiver,
Le Canigou trône fier, en roi solitaire,
Ses cimes de neige, éclatantes et fières,
Brûlent sous l’éclat d’un matin de verre.

Le vent s’y engouffre en rafales glacées,
Soulevant la poudre en tourbillons fous,
Tout n’est que silence et blancheur figée,
Un désert d’étoiles aux reflets si doux.

Mais voici qu’en bas, en éclats de lumière,
Les pêchers en foule, par mille et par cent,
Un frisson de rose embrase les terres,
Il est là le renouveau éclatant et dansant.

Leur rose remarquable s’envole et murmure,
Un souffle vaporeux traverse les champs,
Quand la neige impose sa blanche parure,
Le printemps s‘enivre de tons flamboyants.

Face aux hauts remparts que le frimas sculpte,
Les arbres s’embrasent sous l’azur de mars,
Offrant au colosse aux épaules abruptes,
Un complaisant défi d’un éclat sans fard.

Blancheur éternelle, rosée éphémère,
L’une est silence, l’autre est chanson,
Et pourtant, ensemble, dans l’air de la terre,
Elles tissent un rêve, un même horizon.

Ainsi s’affrontent, sans cri ni bataille,
Le givre éternel et l’ardeur d’un instant,
Quand sous l’œil d’argent de l’antique muraille,
Danse, danse… la belle saison aux mille rubans.