Dans le Capcir lointain, entre Les Angles et Formiguères,
Un vieux village s’endort sous les pins et les pierres,
Vallserra, abandonné, repose au creux des vallons,
Le zéphyr y transporte toujours ses douces chansons.
Sous les genêts tordus, le long d’une sente,
Les ruines solitaires parlent au gré du vent,
Enceintes écroulées racontant l’histoire,
D’une existence lointaine sur ce territoire.
Dans ce pli de montagne, loin des regards,
Un antre fascinant aux souvenirs rares,
Reposent quelques murs, battisses effondrées,
C’est Vallserra, silencieuse, à la prunelle délabrée.
Les toits tombés n’abritent plus d’enfants,
Ni feu, ni odeurs des veillées, ni chants,
Seul le « Carcanet » traverse les fenêtres,
D’un décor déchirant, en invisible maître.
Le clocher décapité contemple les étoiles,
Edifices disloqués, tissés de broussailles,
Un pressoir ? un berceau ? des ombres, un foyer,
Tout vit encore un peu dans ces pierres noyées.
La légende raconte et en frissonne encore,
Que la peste un matin y planta son décor,
Un souffle noir passa, glaçant les cheminées,
Et nul ne survécut à l’ombre empoisonnée.
Pourtant deux sœurs aux yeux clairs,
Fuirent la vallée sous ce ciel de colère,
Leurs pas se sont perdus dans les bois en sursaut,
Mais leur souvenir veille au sommet des roseaux.
On dit qu’elles reviennent à la lune montante,
Cueillir l’oubli fleuri sur les dalles restantes,
Leur souffle veille sur un passé enfoui,
Conservant de l’injustice un éclat d’infini.
Ils se sont éloignés ou reposent peut-être ici,
Sous les herbes profondes, sous les ronces tapis,
Et si l’automne parle au détour des bois,
On croit surprendre peut-être … l’écho de leurs voix.
J’aime ça :
J’aime chargement…